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Article qui provient de Yagg

Olympe W OWN

Chère Eugénie Bastié. Vous vous êtes indignée récemment sur Twitter de la "haine inouïe" des anti-"manif pour tous". A tel point que vous avez renoncé à exprimer vos critiques envers le mouvement de Ludovine de la Rochère. C'est dire. Pour appuyer votre propos, vous avez partagé une série de tweets suggérant à Daech de faire un attentat au milieu des manifestants anti-mariage pour tous-théorie-du-genre-PMA-GPA-etc. De tous les tweets critiquant la "Manif pour tous" et consorts, vous avez choisi de vous arrêter sur les plus imbéciles, émanant de personnes/trolls qui ne représentent qu'eux-mêmes. Soit. Il est indéniable en revanche que sans aller jusqu'à ces extrémités, la Manif pour tous suscite la colère chez de nombreux gays, de nombreuses lesbiennes, de nombreux/euses bi.e.s et de nombreuses personnes trans.

Avant de vous répondre, j'aimerais revenir sur une scène à laquelle j'ai assisté il y a trois ans. Nous sommes à l'extérieur de l'Assemblée Nationale. Quelques minutes auparavant, les député.e.s ont voté définitivement le mariage pour tous. Sur le trottoir, quelques hommes venus assister à ce moment historique prennent à partie Virginie Tellenne, alias Frigide Barjot, présente elle aussi au moment du vote, avec un vocable plutôt fleuri. Il s'en faut même de peu pour qu'ils la bousculent. On peut voir deux de ces hommes à la fin du documentaire La Sociologue et l'ourson expliquer à quel point cela leur a fait du bien de crier leur colère sur la figure de proue du mouvement anti-mariage pour tous. Sur le moment, je me souviens avoir pensé qu'ils exagéraient. Que nous n'avions pas à nous abaisser à de l'insulte ou de l'intimidation.

Le soir même ou le jour d'après, je ne me souviens plus, Mme Tellenne est à nouveau invitée sur un plateau de télévision. Elle se plaint alors de la violence dont elle avait été victime. Et là, cela m'a frappé, pour ainsi dire. Comment cette femme ose-t-elle se plaindre de trois malheureuses insultes après ce qu'elle vient de nous faire subir?

Laissez-moi vous rappeler - ou vous apprendre -, chère Eugénie Bastié, ce que c'est d'être gay ou lesbienne. Beaucoup d'entre nous ont passé leur scolarité à se faire traiter quotidiennement de pédé ou de gouine. Certain.e.s à se faire frapper pour cela. Lisez les rapports de SOS homophobie. Ou si c'est trop vous demander, lisez En finir avec Eddy Bellegueule. Ce n'est pas de la science fiction. C'est une réalité que nous connaissons bien. A la maison, il y a la crainte de dévoiler son homosexualité à sa famille. De peur de les décevoir, de peur d'être rejeté.e. Parce que c'est ce qui se passe encore trop souvent. Voyez l'activité sans cesse grandissante du Refuge. Plus tard au travail, nombre d'entre nous cachent leur homosexualité à leurs collègues et leurs supérieurs, pour éviter les brimades, les ragots ou la discrimination. Lisez les rapports de L'Autre Cercle. Savez-vous ce que c'est d'élaborer des stratégies quotidiennes pour mentir à ses parents, à ses collègues, parfois à soi-même?

Parce que tout n'est pas noir, finalement, nous nous assumons, nous aimons, nous avons nous aussi une famille. Comme tout le monde, nous avons besoin de protéger ceux que nous aimons et de nous protéger nous-mêmes. Un exemple: vous trouveriez insupportable de ne pas avoir votre mot à dire sur l'enterrement de la personne qui a partagé votre vie pendant des années, non? Nous aussi. C'est arrivé si souvent au plus fort de l'épidémie de sida. C'est pourquoi nous avons besoin de droits. Des mêmes droits que le reste de la population. Et à chaque fois que nous demandons aux responsables politiques, que nous aussi nous avons élus, de bien vouloir modifier les lois pour simplement nous faire bénéficier des mêmes droits que les autres, des centaines de milliers de personnes envahissent les rues pour nous signifier que nous sommes des pervers, que nous n'avons pas de famille, que nous allons traumatiser nos enfants, bref que nous sommes inférieurs à elles et à eux.

Dans le cas du mariage pour tous, il y a eu plusieurs manifestations et au quotidien nous avons dû subir les insultes sur les plateaux télés, dans les journaux, mais aussi sur les réseaux sociaux (et souvent du même tonneau que celles que vous dénoncez, beaucoup n'ont pas le langage policé de Mme de la Rochère). Pendant des mois. Vous pensez qu'être contre le mariage pour tous est une opinion comme une autre? Appliquez-vous les arguments de la Manif pour tous: votre famille n'en est pas une, votre couple n'en est pas un, lorsque vous voulez un enfant, c'est égoïste (alors que chez les autres, c'est forcément une volonté désintéressée, ou mieux il n'a pas été désiré, c'est un cadeau de la vie), et si vous en avez un, vous allez en faire de la chair à psy, si votre conjoint meurt, et bien ça n'est pas votre conjoint donc de quoi vous mêlez-vous? Et surtout répétez-vous ça pendant des années, voire une vie entière. Alors, vous comprendrez peut-être mieux d'où vient cette «haine inouïe» qui vous a tant scandalisée.

Le jour où la "Manif pour tous" et ses amis cesseront de combattre les gays, les lesbiennes, les bi.e.s, et les personnes trans et de défiler contre leurs droits, le jour où les personnalités publiques ouvertement gays comme Ian Brossat, Jean-Luc Romero ou bien d'autres ne recevront plus de menaces de mort sur les réseaux sociaux en raison de leur orientation sexuelle, les insultes à l'égard de Christine Boutin, Ludovine de la Rochère et leurs amis disparaîtront comme par magie. Parce que, croyez-le ou non, nous avons mieux à faire qu'aller défiler contre les droits des autres le dimanche après-midi ou crier notre colère sur Twitter ou Facebook contre les homophobes. En attendant, souffrez, chère Eugénie Bastié, que le boomerang revienne parfois à la figure de ceux qui l'envoient.

«Chère Eugénie Bastié», ou de la «haine inouïe» à l’encontre de la «Manif pour tous»
Qui est Eugénie Bastié, la chroniqueuse déjà comparée à Eric Zemmour?

Eugénie Bastié, 24 ans, sera la nouvelle chroniqueuse de Thomas Thouroude dans AcTualiTy, à la rentrée, sur France 2. La jeune journaliste du Figaro est la prochaine figure controversée du PAF.

Est-elle le nouveau "visage de la droite réac"? La "nouvelle Eric Zemmour"? Cette rentrée, Eugénie Bastié, 24 ans, journaliste au Figaro, est chroniqueuse télé dans AcTualiTy, nouveau magazine de Thomas Thouroude sur France 2. Mais elle n'a pas attendu l'émission pour se faire un nom, des soutiens et des ennemis. 

A seulement 24 ans, son parcours est fulgurant. Dès sa sortie de Sciences Po, en 2013, Bastié (qui n'a pas souhaité répondre aux questions de L'Express), décroche un stage au Figaro-Vox, la plateforme d'opinion du quotidien, avant d'être embauchée en tant que journaliste au Figaro

 
 

Celle dont les deux marraines médiatiques sont Natacha Polony, du Figaro et Elisabeth Levy, de Causeur (auquel Bastié a contribué), lance en parallèle sa revue catholique Limite, en 2015. 

Un discours taillé pour les médias

La jeune femme, originaire des environs de Toulouse et issue d'une famille catholique "solide", tient un discours taillé sur-mesure pour les médias: elle maîtrise l'art de la punchline ("Je ne crois pas au progrès, je crois à l'héritage") et n'oublie jamais de placer quelques citations, faisant appel à Charles Péguy et à Simone de Beauvoir régulièrement. 

"Un arsenal de phases toutes faites", selon Camille Emmanuelle. L'auteure de Sexpowerment, qui a eu l'occasion de débattre avec Bastié dans l'émission Ce soir ou jamais déplore: "Citer Simone de Beauvoir alors qu'elle ne peut plus répondre, c'est un peu facile." 

"Elle possède beaucoup de formules et d'éléments de langage plus ou moins reluisants, très peu de faits ou d'arguments un tant soit peu solides", affirme de son côté Peggy Sastre, journaliste et féministe, également présente face à Bastié sur le plateau de France 5.  

Des citations, qu'elle déclame d'émission en émission, Eugénie Bastié en est friande. L'écrivain et réalisateur italien, Pier Paolo Pasolini est, par exemple, inlassablement cité par la jeune femme. Dans plusieurs émissions, Eugénie Bastié déclare, comme Pasolini: "Je me suis prononcé contre l'avortement et pour sa légalisation." 

De l'opinion à revendre

Eugénie Bastié le dit elle-même: elle ne fait pas de journalisme. Lors d'une conférence organisée en mars 2016, intitulée "Demain le journalisme", la jeune femme, pro-Manif pour tous, assène: "Informer les gens pour informer les gens, ça n'a pas d'intérêt." Ce qu'elle souhaite, c'est donner son avis.  

Comme face à Jacques Attali, dans Ce soir ou jamais, en septembre 2015. La séquence la fait connaître du grand public. "L'immigration, ce n'est pas Erasmus, affirme Eugénie Bastié, survoltée. L'immigration n'est pas une chance, c'est un drame, c'est une tragédie. Aujourd'hui l'Europe qui s'est construite sur la dilution du politique, c'est-à-dire: on renonce à la politique, on devient juste un grand supermarché. [... ] Le vieux monde est de retour, monsieur Attali." C'est à l'éditorialiste que la jeune femme doit le surnom de "la petite Zemmour en pire", quand l'humoriste Sophia Aram en fait "la fille illégitime de Christine Boutin et Eric Zemmour". 

«Chère Eugénie Bastié», ou de la «haine inouïe» à l’encontre de la «Manif pour tous»
Ce qu'elle dit sur Simone de Beauvoir (tweet)

Ce qu'elle dit sur Simone de Beauvoir (tweet)

 PS :C'est, je pense que c'est une future Marion le pen ou elle s'en approche ! La voie médiatique lui procure la notoriété et certains chroniqueurs s'en réjouissent car " ELLE CAUSE"

                                                La pintade rose OWN    

Suite de l'article :                                           

Son positionnement tout aussi tranché sur l'avortement fait d'elle une bonne cliente des plateaux télé. Eugénie Bastié se dit "pro-choix" (elle se disait "pro-vie" jusqu'à récemment), estimant qu'en France les femmes sont "poussées à avorter" sans autre solution.  

Quand, sur le plateau du Supplément, une journaliste lui indique que le nombre d'IVG est constant depuis dix ans, Eugénie Bastié ne se laisse pas démonter. Il faut coûte que coûte que l'avortement soit un "objectif de politique publique". Un élément de langage qu'elle répète dans de nombreuses émissions.  

Eugénie Bastié veut être "au coeur du débat"

Sur Canal+, Eugénie Bastié dévoile-t-elle, sans le vouloir, son ambition (à 2:02 min)? "J'ai envie d'exister et d'être au centre...", lâche-t-elle, avant de rapidement se reprendre, expliquant, plus modeste, vouloir simplement "être dans le débat médiatique". 

Au coeur du débat, Eugénie Bastié y est déjà: "soupçonnée" d'être la porte-parole masquée de Patrick Buisson (l'ex-conseiller très à droite de Nicolas Sarkozy) ou de Philippe de Villiers, elle dément et dénonce des théories "complotistes". Comme eux, elle est anti-immigration, anti-mariage gay, anti-avortement, et a un positionnement ambigu sur le féminisme. 

Dans son livre Adieu Mademoiselle, sorti en avril 2016, Eugénie Bastié, assure que la société ne se féminise pas de façon dangereuse, comme le dit Eric Zemmour, mais tente plutôt d'indifférencier les genres, ce qui est encore plus grave. Elle dénonce "l'hystérie" féministe et explique en quoi le féminisme, mouvement "périmé", souhaite préparer l'avènement d'une humanité nouvelle et "générique".  

Bastié dément être anti-féministe

Son livre, épinglé par la presse, mêle tous les courants féministes, (le "néo-féminisme") sans prendre la peine d'en différencier aucun. La journaliste dément pourtant l'étiquette "anti-féministe". "Pour ma part, je crois que le mot même de 'féministe' est devenu inapproprié, assure-t-elle au site Phillitt. Tout comme on peut trouver abominable la manière dont étaient traités les ouvriers au XIXe siècle, sans pour autant adhérer au marxisme." 

Un discours peu nouveau, mais qui plaît parce qu'il vient d'une femme de moins de 30 ans. "C'est quelqu'un qui gère très bien sa carrière, et qui a senti le bon filon, juge Camille Emmanuelle. Mais ce qu'elle dit n'est pas neuf, c'est simplement ce que l'on entend depuis des décennies à la télévision." 

L'écrivaine souligne aussi que les limites du talent oratoire de la journaliste du Figaro. "Quand elle se retrouve face à des discours plus mesurés et moins idéologiques, elle est paumée." 

Tag(s) : #Je déteste
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