Au détour d’une trajectoire personnelle et d’un travail de recherche sur Simone de Beauvoir conduit depuis plusieurs années, l’auteure relit le chapitre « La lesbienne » du Deuxième sexe, en mettant en évidence les aspects les plus détonants de l’œuvre, mais aussi ses faiblesses. Cette lecture permet de revenir sur la réception de l’œuvre et sur les résistances constructionnistes aux théories et aux arguments mobilisés par Beauvoir. D’une façon plus générale, c’est également l’occasion d’interroger les approches contemporaines, et queer notamment, des « classiques » de la littérature lesbienne et de (re)découvrir la « force » de Beauvoir et de ses œuvres.
Au pays dl'Olympe rainbow
Simone de Beauvoir et l'expérience lesbienne vécue
In the course of her personal trajectory as well as in her research work on Simone de Beauvoir carried out over many years, the author rereads the chapter "The Lesbian" in The Second Sex, putting ...
M
Qui était l’auteur du « Deuxième sexe », quels étaient ses positionnements par rapport aux femmes?
Marie-Jo Bonnet étudie l’œuvre de Simone de Beauvoir méticuleusement et, citations de l’œuvre à l’appui, mais aussi d’échanges épistolaires, d’écrits de tiers, d’interprétation psychanalytique de rêves relatés par l’écrivaine ou encore à la lumière de son enfance, nous découvre une personnalité inattendue.
Car enfin, Simone de Beauvoir n’apparaît-elle pas comme une papesse du féminisme ?…
Cet ouvrage est limpide, extrêmement documenté et passionnant, qui traverse une époque, éclaire sur le féminisme, livre un écrivain qui semble ne pas avoir aimé les femmes – mais s’aimait-elle elle-même ? Nous rencontrons un être complexe, haineuse dans ses rapports avec les mères des jeunes filles dont elle profite, les partageant avec Sartre, comme une prédatrice pour les instrumentaliser et assurer son propre ascendant sur Sartre sur lequel elle mettait en œuvre une emprise calculée. Marie-Jo Bonnet approfondit les ambivalences, développe une analyse très fine et pointue, toujours passionnante et vivante, dans ce livre qu’on ne lâche pas, quitte à éprouver par moments une très franche antipathie pour l’auteur des « Mémoires d’une jeune fille rangée ».
Véronique Poirson